Marie-Dominique
Le Lieutenant (H) Sureau, (12e RCH (aujourd'hui dissous)), nous précise
que les paroles sont de Pierre Mac Orlan qui a été incorporé à la caserne
Lourcines, et que les cagnas sont des abris de la guerre de 14.
J'étais un soldat de marine,
J'venais de m'engager pour 5 ans.
J'avais 20 ans, belle poitrine,
Comme dans l'refrain du régiment.
Dans les bistros près de Lourcine
Les anciens m'en faisaient tout un plat.
"Tu verras c'que c'est qu'l'Indochine,
Ecoute la chanson d'un soldat."
Marie, Marie-Dominique. Que foutais-tu à Saïgon ?
Ca ne pouvait rien faire de bon, Marie-Dominique.
Je n'étais qu'un cabot clairon, mais je me rappelle ton nom, Marie-Dominique.
Est-ce l'écho de tes prénoms, ou le triste appel du clairon, Marie-Dominique.
Je ne savais pas que la chance
Ne fréquentait point les cagnas
Et qu'en dehors de la cuistance
Tout le reste n'valait pas ça.
Tu m'as fait comprendre des choses
Avec tes p'tits airs insolents
Et je n'sais quelles apothéoses.
C'était le plus clair de mes tourments.
Ce fut Marie la tonkinoise
Qui voulut faire notre bonheur
En m'faisant passer sous la toise
Dans l'vieux Cholon ou bien ailleurs.
Tu étais rusée comme un homme,
Mais ton but je l'voyais pas bien
Avec ta morale à la gomme
Au cours de la piestra Nankin.
Tu m'as gâté mon paysage
Et l'avenir quand sur l'transport
Je feuilletai de belles images
Peintes comme des Bouddhas en or
Ou sont les buffles dans les rizières
Les sampans, l'arroyo boueux
Les congaïs leurs petites manières
Devant le pouvoir de tes yeux.