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 La Canaille 
Paroles : Alexis Bouvier 
Musique : Joseph Darcier 
  
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Dans la vieille cité française
    
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Existe une race de fer ; 
    
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Dont l’âme comme une fournaise
    
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À de son feu bronzé la chair.
    
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Tous ses fils naissent sur la 
  paille   
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Pour palais ils n’ont qu’un taudis…
    
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C’est la canaille ! 
   
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Eh bien ! j’en suis ! 
   
 
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Ce n’est pas le pilier du bagne ;
    
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C’est l’honnête homme dont la main
    
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Par la plume ou le marteau gagne
    
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En suant son morceau de pain.
    
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C’est le père enfin qui travaille
    
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Les jours et quelquefois les nuits
    
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C’est la canaille ! 
    
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Eh bien ! j’en suis ! 
    
 
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C’est l’artiste, c’est le bohème
    
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Qui sans souper rime rêveur 
    
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Un sonnet à celle qu’il aime 
    
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Trompant l’estomac par le cœur.
    
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C’est à crédit qu’il fait ripaille
    
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Qu’il loge et qu’il a des habits
    
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C’est la canaille ! 
    
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Eh bien ! j’en suis ! 
    
 
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C’est l’homme à la face terreuse
    
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Au corps maigre, à l’œil de hibou
    
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Au bras de fer à main nerveuse
    
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Qui sortant d'on ne sait pas où
    
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Toujours avec esprit vous raille
    
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Se riant de votre mépris… 
    
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C’est la canaille ! 
    
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Eh bien ! j’en suis ! 
    
 
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C’est l’enfant que la destinée,
    
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Force à jeter ses haillons 
    
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Quand sonne sa vingtième année
    
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Pour entrer dans nos bataillons.
    
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Chair à canon de la bataille 
    
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Toujours il succombe sans cris…
    
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C’est la canaille ! 
    
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Eh bien ! j’en suis ! 
    
 
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Ils fredonnaient la Marseillaise
    
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Nos pères les vieux vagabonds
    
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Attaquant en quatre-vingt-treize
    
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Les bastilles dont les canons
    
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Défendaient la vieille muraille…
    
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Que de trembleurs ont dit depuis >
    
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« C’est la canaille ! » 
    
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Eh bien ! j’en suis ! 
    
 
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Les uns travaillent par la plume
    
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Le front dégarni de cheveux 
    
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Les autres martèlent l’enclume
    
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Et se soûlent pour être heureux.
    
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Car la misère en sa tenaille 
    
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Fait saigner leurs flancs amaigris
    
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C’est la canaille ! 
    
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Eh bien ! j’en suis ! 
    
 
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Enfin, c’est une armée immense
    
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Vêtue en haillons, en sabots 
    
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Mais qu’aujourd’hui la vieille 
  France,   
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Les appelle sous ses drapeaux.
    
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On les verra dans la mitraille
    
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Ils feront dire aux ennemis :
    
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« C’est la canaille ! » 
    
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Eh bien ! j’en suis ! 
    
 
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