En passant par la portière
Il est là-bas en Algérie, un régiment dont les
soldats, dont les soldats.
A chaque instant risquent leur vie. Parachutiste
souviens-toi, oui
souviens-toi.
Pour faire partie de cette élite, il faut bien
être un peu cinglé, un peu cinglé.
Il faut surtout pas s'fair' de bile, savoir bien
boire et bien sauter, et bien sauter.
Et après tout qu'est-ce que ça fout
Et on s'en fout, la, la, la...
En passant par la portière,
Parachutiste souviens-toi, oui souviens-toi.
Qu'un jour il pourrait se faire
Malgré toi, oui, malgré toi, la, la, la...
Qu'après une chute libre
Tu auras cessé de vivre, la, la, la...
Entorché dans l'atmosphère
Tu tomberas comme une pierre.
J'ai vu mourir un pauvre gosse, à peine âgé de
dix-huit ans, de dix-huit
ans.
Son pépin s'était mis en torche. Il est mort en
criant Salan, criant Salan.
Je lui est fermé les paupières, recueilli son
dernier soupir, dernier
soupir.
Et j'ai écrit à sa pauv're mère, comme un para
savait mourir, savait
mourir.
Et comme on a jamais eu d'veine, un jour l'pépin
s'ouvrira pas, s'ouvrira pas.
Sur cette putain d'terre Africaine, à cent à
l'heure tu t'écraseras, tu
t'écraseras.
On ramassera tes côtelettes, dans un grand sac à
effets chauds, à effets
chauds.
On dira saperlipopette, ce gazier-là n'a pas eu
d'pot, n'a pas eu d'pot.
On te mettra en quatr'planches , entortillé dans
ton pépin, dans ton pépin.
Au cimetière de Maison Blanche t'auras la gueule
de tes copains, de tes
copains.
T'auras les honneurs militaires et l'on mettra sur
ton tombeau, sur ton
tombeau,
La croix de guerre réglementaire. Et ce jour sera
le plus beau, oui le plus
beau.